Dans le dernier article nous sortions des Lofoten. Toujours un très bel endroit mais après autant de mouvement depuis l’arrivée en Finlande, autant de belles vues, de rencontres, de kilomètres, nous étions un peu « blasés ». On a un peu honte d’utiliser ce mot, nous avons une chance folle d’être ici avec un véhicule préparé en 2 mois ½, qui répond à toutes nos attentes. Nous avons de la chance aussi avec le temps, variable mais plutôt clément. Malgré tout l’enchaînement nous faisait nous poser la question : « et maintenant ? ». On a pris un moment pour réfléchir à ce que nous voulions vraiment faire avec le temps restant sur ce périple. Nous pouvions suivre les traces des copains et refaire ce que nous avions fait il y a quelques années, la FV17, la côte, les ferries. Très chouette mais déjà fait, nous cherchions de la nouveauté après avoir terminé notre objectif de découverte du nord. Nous avons envisagé une diagonale depuis Mo I Rana vers Umea en Suède pour traverser vers Vaasa en Finlande puis rejoindre Tallinn depuis Helsinki afin de découvrir Estonie, Lettonie et Lituanie comme nos copains Titi et Vincent il y a quelques mois dans l’autre sens. Un peu court quand même pour cette option et assurément beaucoup de monde. Nous avons donc décidé de descendre rapidement vers Trondheim et ensuite de… vous verrez bien…

La descente se fait donc depuis Narvik par la E6. C’est la route principale mais il ne faut pas imaginer une autoroute pour autant. Il y a des portions à 90, à 60, à 80, à 30, à 50, à 60, bref ça change tout le temps. Des traversées de villages, des montagnes autours, des forêts, les paysages sont très beaux. Nous longeons une grosse rivière, un espèce de torrent qui débite très fort. Des passerelles en bois permettent de passer d’un côté à l’autre pour aller faire sans doute des randonnées dans les hauteurs.



La phase de descente nous amène à un lieu qui nous avait beaucoup plu il y a 9 ans : le centre du cercle polaire. C’est l’endroit matérialisé sur la route où on passe ce fameux cercle dont nous avions parlé à la montée en Finlande. Le lieu comporte divers « totems » qui nous permettent d’immortaliser le moment, un magasin de souvenirs pour trouver quelques babioles et autocollants, et des montagnes tout autours.










Nous partons en vadrouille dans les hauteurs pour profiter du temps magnifique. Petite rando, belles vues puis retour au fourgon pour la nuit sur le parking de ce lieu où pas mal d’autres véhicules de toutes sortes passent ou s’arrêtent.


Nous poursuivons par une journée « tout schuss » vers Trondheim. Plus de 500 km, ça nous semble assez faisable. Dans les faits c’est très longs vu les variations de vitesse évoquées plus haut. La route est belle, les paysages aussi.
La route défile, plus ou moins lentement, les lignes droites, les virages, la forêt, un autre virage et… freinage !!!! en sortie de virage dans une zone à 80, maman élan et son petit son là, au beau milieu de la route. Nous stoppons le véhicule à une dizaine de mètres et profitons du spectacle. Ils ne sont pas effrayés, ils traversent doucement. L’instant est magique, voir ces gros animaux de si près est une chance énorme, que nous n’avions pas encore eu dans nos précédents voyages. On parle de 300 à 400 kilos pour la maman, 2m au garrot… un grand cheval paraît chétif à côté de ce mastodonte que nous ne voudrions pas croiser au milieu des bois en situation de défense de son petit… Ils traversent donc et comme nous sommes en sortie de virage… nous repartons rapidement… les yeux encore écarquillés par cette rencontre étonnante.

Nous faisons une pause un peu plus loin pour nous remettre… C’est l’été après tout, une petite glace sera la bienvenue. On ne peut que vous conseiller d’utiliser la fonction traduction de google (ou autre pour les fans d’apple…) avant de passer à la caisse et pas après comme je le fais… Une glace trois chocolats, nickel… l’autre, « lakris », ça parle de sel, ça doit être du caramel… hé bien pas du tout… la glace au réglisse avec une pointe de sel, ça existe ! Et à part si on est fan de réglisse, c’est pas top !


La descente vers Trondheim se poursuit, longue… et le climat semble changer petit à petit, ce qui n’est pas étonnant sur le principe, ça revient à descendre de la latitude de Lille à celle de la Rochelle… Nous nous posons le soir un peu avant Trondheim, dans la montagne, près d’une cascade. Nous y retrouvons un bus de 4 suisses déjà croisés pas loin du Cap Nord. Petite balade dans la forêt pour aller voir la cascade, en guettant s’il n’y a pas d’élan en embuscade vu que nous savons maintenant qu’ils existent et que ce n’est pas un mythe pour touriste ou une opération du lobby des vendeurs de panneaux « attention traversée d’élan ».


Une bonne nuit durant laquelle Karine entant un cri qui après analyse pourrait être celui de ce fameux animal… ou celui d’un suisse qui se coince le pied en allant aux toilettes dans son bus, les avis restent partagés.
Pour la suite, Karine a repéré une vallée décrite sur le site d’un photographe. La description et les photos nous ont donné envie d’y aller, c’est donc l’itinéraire du jour. Le GPS Garmin Navigator 5 (que nous avions sur la moto) mis en mode « au plus court » et sans interdire les routes non bitumées, ça donne un passage par de toutes petites routes, en forêt, sans bitume, bref, tout ce qu’on aime. On va tranquillement pour ménager la mécanique, nous sommes avec un Peugeot Boxer, pas avec notre 4×4…
Nous rejoignons le début de la trace identifiée par Karine. Ça commence bien, voilà un péage… on doit être soit dans un parc d’attraction, soit sur une autoroute… bref, on verra…
Et on voit vite… petite route, virages, montées, descentes, paysages à couper le souffle… une très belle route. Une cascade fait sa belle au passage… Une portion nous rappelle la célèbre Trollstigen par ses virolos, mais version gravel road et plus étroite… Nous sommes sous le charme… Puis nous arrivons sur une portion qui commence par une barrière avec un message « route fermée de décembre à mai », ce sont des hauts plateaux sans doute très hostiles durant l’hiver.
De petites cabanes sont disséminées par ci par là… il y a quelques voitures de propriétaires ou des locataires d’un soir peut-être. Les vues sont magnifiques.
Un premier barrage coupe la vallée, avec une retenue d’eau limpide qui s’écoule sur le côté.








Nous commençons à chercher un emplacement où nous poser pour la nuit. Hors de question de foncer et de ressortir de là, nous voulons profiter de la liberté donnée par notre fourgon aménagé pour apprécier les lieux en douceur. Nous sommes sur une petite « gravel road », mais un embranchement se présente avec une autre, encore un peu plus petite, vers la gauche. Une rapide vérification sur le GPS, ça mène à un parking 3km plus loin. Boxer, à l’attaque ! Nous montons en évitant gros trous et pierres de toutes tailles. Clairement il ne faudrait pas croiser quelqu’un, il n’y a aucune possibilité de se croiser, on passe tout juste… Nous arrivons tout en haut et découvrons le fameux parking, déjà utilisé par quelques randonneurs qui y ont laissé leur véhicule. Nous procédons à un demi tour qui nous fait apprécier d’être en fourgon L2 et pas L3 ou L4… Karine donne les directives de l’extérieur avec un des talkies prévus justement pour ce genre d’exercice… « encore un peu, attention, grosse pierre… vas-y ». La rivière toute proche est étonnante, elle sort d’un énorme trou dans la roche… on craint d’être trop près en cas de montée des eaux, on va plus loin.


Nous nous installons un peu plus haut que les voitures des randonneurs, un endroit superbe où on ne voit autour que de la montagne… ah non, peut-être aussi… arg… des hordes d’énormes moustiques assoiffés de sang ! Petite hésitation vu la beauté du paysage, puis nous capitulons et plions bagages pour trouver une terre moins hostile.
La descente se fait par la même petit chemin… (oui j’ai arrêté de parler de route…) Il ne faut vraiment pas croiser…. par exemple une voiture comme celle qui arrive… tout le monde s’immobilise, une discussion s’engage et la conclusion est sans appel, la conductrice va devoir retourner en bas en marche arrière, plus facile de ce côté là que de remonter pour le fourgon. Nous ressortons de là un peu plus tard, de retour sur la piste principale que nous continuons de parcourir jusqu’à un point situé à 860m d’altitude, un parking proche d’un chalet de montagne. Il fait encore chaud dehors (plus de 20°C) et dedans, nous sommes heureux de la découverte de cette route.
Nous apprécions au matin l’isolation faite sur le fourgon avec de l’Armaflex 32 mm… le capteur de température nous indique un minimum à 3,9 dans la nuit… et nous avons encore 14 à l’intérieur, nous avons bien dormi, rien senti sous notre couette douillette.






Nous repartons en passant un second barrage puis la route part dans les hauteurs… toujours pas très large, toujours en version gravel. Nous passons un chalet qui indique « airbnb », pas d’eau courant (il y a un lac), pas d’élec, 108 euros la nuit, mais quel environnement… Nous sommes en haut, il va falloir redescendre… là aussi une trèèèès belle route, digne de recevoir les roues cramponnées de belles GSA, qu’elles soient rouges ou pas (les autres, Indian par exemple, sont les bienvenues aussi, si elles osent…). Ça descend… ils ont renoncé à donner le pourcentage et ils ont sans doute raison… virolos, virolos, virolos… superbe… petite suée de temps en temps mais superbe… tiens, le GPS indique un drôle de lacet à venir, il y a une boucle avant le tronçon suivant… c’est un fait un tunnel… ou plutôt une caverne, taillée dans la roche, le sol en terre, pas éclairé… on a l’impression de s’enfoncer dans le centre de la terre… ça descend, ça touuuuurne… et hop on ressort… pour les lacets suivants… ça continue… frein moteur, au maximum pour ne pas faire chauffer les freins… ça tourne, ça retourne… et nous arrivons (enfin ?) en bas, près d’un lac que nous allons longer un moment après avoir fait une pause café petit dej près d’une belle cascade. Un troupeau de vaches en liberté sort de la forêt pour nous bloquer un moment le passage.





La fin de la vallée est proche, nous sommes heureux de cette belle découverte qui reste un peu exigeante en terme de route, et nous avons eu la chance de la faire par très beau temps.
Nous avançons ensuite pour rejoindre Andalsne et nous diriger vers la suite de l’itinéraire. Une petite sieste en bord de fjord puis nous arrivons en bas de la Trollstigen. De la pluie est prévue pour la fin d’après-midi et la nuit, nous préférons rester en bas dans un petit camping charmant, entouré de montagnes (pas le dernier avant la côte, trop de monde…). Pas cher, douche gratuite et à volonté, on profite pour une petite lessive et un peu de repos avant d’attaquer nouveau la montagne et aller vers… on verra où…



Et toujours avec nous, notre adorable Preik qui suit le mouvement, s’adapte, découvre des lieux, des odeurs, des animaux… et parfois ne veut pas repartir…



